Ce document annexe est une photographie représentant le pavillon de l’Allemagne nazie édifié par Albert Speer lors de l’Exposition Universelle de Paris du 25 mai au 25 novembre 1937. Cette exposition avait pour but de réunir divers États du monde entier autour du thème des « Arts et techniques dans la vie moderne ».
En 1937, la France vit des moments de prospérité avec le Front Populaire – dirigé par Léon Blum (Section Français de l’Internationale Ouvrière), Maurice Thorez (Parti Communiste) et Édouard Daladier (Parti Radical-Socialiste) – qui est au pouvoir et instaure des mesures sociales telles que les congés payés, la semaine de quarante heures, les contrats collectifs, les syndicats et le développement du sport et des loisirs. Cependant, en Allemagne, depuis 1933, le pays est soumis au Chancelier Hitler qui installe petit à petit un régime de type totalitaire (contrôle de l’économie, de l’information, de la population, de la politique). Il met en place l’idéologie nazie basée sur l’antisémitisme et le rejet des Untermenschen et embrigade une grande majorité des Allemands qui voient en lui le « Sauveur » de l’Allemagne.
Nous proposons la photographie du pavillon allemand en lecture annexe afin de montrer le totalitarisme allemand et l’esprit belliqueux dégagés par l’œuvre, préfigurant inéluctablement les débuts victorieux de l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale et la mise en place de la Solution Finale.
Surplombant la place du Trocadéro, le pavillon allemand, fait de fer et de béton (matériaux militaires), se détache du reste du paysage par son allure impressionnante et massive due à un monument élevé tout en hauteur dans un style classique, symbole de la vigueur du pouvoir nazi mais également rappelant par là l’épurement du classicisme, et des grands architectes qui ont contribué à l’apogée de ce style. Dans cette lignée, Albert Speer (architecte allemand et ministre de l’Armement et de la production de guerre du Troisième Reich) et son ami Joseph Thorak (sculpteur officiel du IIIe Reich) imaginent et construisent un monument de plus de 33 mètres de hauteur et des statuts à l’effigie de l’idéologie de l’Allemagne nazie et d’Adolf Hitler.
Cette œuvre gigantesque, spectaculaire et agressive a pour but d’impressionner les passants et de leur inspirer une certaine crainte. En effet, l’imposant aigle surmontant la tour rappelle la notion d’impérialisme et l’esprit guerrier de l’Allemagne. On pourrait suggérer que le rapace défend son territoire puisqu’en face, se dresse le pavillon de l’URSS avec l’ouvrier et la kolkhozienne représentant le communisme stalinien en haut de la tour. On remarque que ces deux monuments massifs dominent le Trocadéro et la Seine et sont en compétition dans la représentation de leur vision des « Arts et techniques dans la vie moderne ».
Cette compétition annonce les grandes puissances du second conflit mondial et le pacte germano-soviétique. Toutefois, les deux pays remporteront tout deux la médaille d’or pour leur réalisation. À l’entrée du pavillon allemand, les visiteurs peuvent apercevoir trois hommes, d’origine allemande, très robustes et assez jeunes qui travaillent pour le régime nazi. Ils symbolisent « le travailleur allemand irréprochable et indestructible », dévoué à son pays et à Hitler. De l’autre côté, la famille allemande idéale et unie pour le IIIe Reich scrute l’horizon.
À l’intérieur du bâtiment, sont exposés et mis en valeur l’économie allemande et sa production industrielle. Avec l’installation d’un régime type totalitaire, Hitler veut développer une économie de guerre notamment, et relancer des constructions permettant de faciliter les déplacements et les échanges dans le pays, tout en procurant un sentiment de bien-être et de sécurité aux Allemands, qu’il persuade lors des immenses cérémonies de masse accompagnées de longs discours prometteurs. C’est pourquoi dès son arrivée au pouvoir, il diversifie le réseau autoroutier allemand (« Autobahnen »), un moyen de créer des emplois et d’exercer une propagande afin d’asseoir son image de Führer. De vastes voies ferrées et des trains plus performants sont mis en place, ce qui contribuera plus tard à l’acheminement direct des Juifs et des Untermenschen vers les camps de la mort de l’Est. Les trois travailleurs de l’extérieur montrent également les emplois créés dans les secteurs agricoles et ouvriers, ce dernier plus particulièrement en expansion avec l’économie de guerre (construction de chars, d’armes, …).
Tous ces éléments conduisent à un pavillon allemand émanant et criant la grandeur et la prospérité du IIIe Reich.
Tous ces éléments conduisent à un pavillon allemand émanant et criant la grandeur et la prospérité du IIIe Reich.