III. De ce qui découle de ce régime totalitaire,
quelles sont les conséquences sur les populations visées ?
Comme nous l’avons démontré précédemment, le régime totalitaire hitlérien demande donc un contrôle total par le gouvernement sur tout ce qui concerne le pays. Mais il se caractérise plus particulièrement par la stigmatisation et la persécution des Juifs, Tsiganes, homosexuels, des peuples slaves et inférieurs (Untermenschen) à l’idéologie allemande qu’est le nazisme.
A. Deux objectifs progressifs : « purifier l’espace vital » et « créer une race pure ».
1. La tourmente des populations visées … :
Les Juifs et les Tsiganes sont les premières cibles du régime hitlérien de même que les populations slaves. Considérées comme des « Untermenschen » (« sous-hommes »), les races inférieures doivent être chassées de l’espace allemand, soit l’espace vital désigné par Hitler, afin de créer une race totalement pure composée d’Allemands ayant des parents et des grands-parents de sang allemand et non Juifs.
D’ailleurs, dès avril 1933, après l’ascension du Führer, sont organisées les premières campagnes de boycott des magasins juifs, et quelques jours plus tard, la loi écartant les Juifs de la fonction publique est promulguée. Petit à petit, les Juifs se trouvent persécutés, privés de libertés comme le prouvent les lois raciales de Nuremberg du 15 septembre 1935, lesquelles prohibent le mariage entre une personne juive et aryenne, l’accès aux lieux publics tels que les squares, cinémas, l’embauche d’un personnel juif, ...
De même, ces lois ont pour but de protéger et d’honorer le sang allemand en interdisant, désormais, la citoyenneté allemande aux Juifs.
Lois raciales de Nuremberg et mise à l’écart des Juifs
« Art. 1 – Les mariages entre Juifs et sujets de sang allemand ou apparenté sont interdits. […]
Art. 3 – Il est interdit aux Juifs d’employer à des travaux de ménage chez eux des femmes de sang allemand ou assimilé âgées de moins de quarante-cinq ans.
Art. 4 – Il est interdit aux Juifs de hisser le drapeau national du Reich. […] Il leur est en revanche permis de pavoiser aux couleurs juives. […]
Art. 5 – Les infractions à l’article 1er seront punies de travaux forcés. »
Lois pour la protection du sang et de l’honneur allemands,
dites Lois de Nuremberg, le 15 septembre 1935.
« Art. 1 – Avec l’effet au 1er janvier 1939, il est interdit aux Juifs d’exploiter des magasins de vente de détail, […] ainsi que [d’exercer] un métier à leur compte. […] Les entreprises juives exploitées à l’encontre de cette interdiction seront fermées par la police. »
Ordonnance, le 12 novembre 1938.
C’est pourquoi certains Juifs, inquiets par la situation en Allemagne due aux nombreuses persécutions – telle celle de la Nuit de Cristal en 1938 où toutes les forces nazies (SS, SA, Jeunesses hitlériennes et Gestapo), dirigées par Joseph Goebbels [1] et sous les ordres d’Hitler, ont assassiné, pillé, brûlé et massacré des milliers de Juifs en guise de représailles (pogrom) – et avertis par les écrits de Mein Kampf, le livre d’Hitler rédigé en 1925, décident de fuir. La plupart d’entre eux s’exilent en France, terre de liberté pour le moment avant d’être le théâtre d’arrestations, de massacres (Ouradour-sur-Glanes) et de collaboration, mais également vers les pays nordiques (Suède, Norvège), en Angleterre ou encore aux États-Unis.
Les Juifs restés en Allemagne sont confrontés à la montée en masse de l’antisémitisme, c’est-à-dire le rejet des Juifs, qui conduit à une solide oppression. Les Juifs sont humiliés et stigmatisés en permanence par leur apparence physique ou bien certaines caractéristiques stéréotypées (avarice, nez crochu, barbe, …).
Dès 1940, le régime hitlérien décide de mettre en place des ghettos afin de contraindre les Juifs à y résider enfermés à l’écart de la population allemande.
Le ghetto de Varsovie (environ 400 000 personnes) ou celui de Cracovie renvoient à cette image de détention et sont des prémices d’une phase exterminatrice et finale. Par ailleurs, on confisque leurs biens et le port de l’étoile jaune devient obligatoire à partir de 1941 sur le décret de Reinhard Heydrich [2]. Dans la même année, naissent les premiers moyens d’extermination des Juifs.
En effet, dès 1939, avec le début de la Seconde Guerre Mondiale, les troupes allemandes ont conquis l’Est de l’Europe jusqu’aux frontières de l’URSS avec laquelle l’Allemagne a signé le Pacte Germano-Soviétique.
C’est à ce moment que les Einsatzgruppen (« Unité spéciale ») interviennent pour la première fois en massacrant des hommes Juifs, Polonais et communistes. Toutefois, sur la demande de Himmler [3], il leur est demandé d’étendre leurs actions sur les femmes et les enfants. Cela devient le commencement de la Solution Finale. Cette Shoah par balles, généralement négligée par rapport à la Shoah organisée avec les chambres à gaz, a duré de 1941 à 1944 en raison des changements de front et de l’impossibilité d’installer des camps d’extermination fixes, de l’épuisement moral des Einsatzgruppen, et de tous les autres protagonistes (Waffen SS, Wehrmacht, Ordnungspolizei) et du fait qu’elle n’était pas assez « rentable » dans le projet d’extermination finale voulu par Hitler (le prix des munitions par exemple).
Le massacre par balles le plus connu est celui du ravin de Babi Yar où plus de 33 000 personnes furent tuées en moins de trois jours. Par la suite, les unités chargées d’exécuter sommairement se déplacèrent à travers toute la région afin d’anéantir massivement les Juifs étant donné notamment qu’avant la guerre, l’Ukraine et les pays frontaliers accueillaient une grande majorité de cette population. Les Juifs ou les opposants à ce type de régime furent alors arrêtés et emmenés vers leur lieu d’exécution.
Bien souvent, ils y creusaient leur propre tombe et les Einsatzgruppen se chargeaient de les dépouiller ; puis les fossés étaient recouverts par de la terre ou de la chaux, souvent par les populations avoisinantes sous le regard des Nazis. Au même moment, de nouvelles méthodes d’anéantissements ont vu le jour : les camions à gaz, pour des exécutions plus rapides et moins douloureuses psychologiquement pour les Einsatzgruppen.
C’est ainsi qu’est pensée la Solution Finale.
L’extermination par balles à l’Est
« L’unité Einsatz pénétrait dans un village ou dans une ville et donnait l’ordre aux citoyens juifs de marque de rassembler tous les Juifs afin de les ‘réinstaller’.
On les invitait à remettre tous leurs objets de valeur et, peu avant leur exécution, on leur ordonnait de retirer leurs vêtements de dessus. On les transportait en camions jusqu’au lieu de l’exécution – en général un fossé anti-char. […]
Puis les pelotons d’exécution les fusillaient à genoux ou debout […] et on jetait les cadavres dans le fossé. […]
J’ai toujours ordonné que plusieurs hommes tirent en même temps, ceci afin d’éviter toute responsabilité personnelle directe. »
Interrogatoire d’Otto Ohlendorf par
le lieutenant-commander Witney R.Harris
de l’état-major américain chargé de l’accusation
dans le cadre du procès de Nuremberg, 1946.
Clichés de Einsatzgruppen montrant des exécutions d’hommes, de femmes et d’enfants
2. … Qui aboutit à la mise en place de la Solution Finale :
Par tous ces évènements et toutes ces actions, le 20 janvier 1942, la Conférence de Wannsee détermine une procédure ayant pour but une extermination rapide et sans trace des Untermenschen. Avec le décret Nacht und Nebel (« Nuit et Brouillard ») de 1941 qui stipule la déportation des opposants du régime, toute infraction et tout comportement contre le totalitarisme nazi peut ainsi être réprimandé.
Mise en place de la Solution Finale
« L’objectif était de nettoyer des Juifs l’espace vital allemand en toute légalité. Tous les services étaient conscients des difficultés provoquées par une telle précipitation de l’émigration. Il fallut bien d’abord s’en accommoder, faute de toute autre solution. […]
Depuis, le Reichsführer SS, chef de la police allemande, a interdit l’émigration des Juifs, en raison des dangers de l’émigration en temps de guerre, et en considération des nouvelles possibilités à l’Est.
Désormais, à la place de l’émigration, la prochaine solution à envisager, avec l’aval préalable du Führer, est l’évacuation des Juifs vers l’Est. Ces actions sont toutefois à considérer uniquement comme des solutions transitoires, mais qui nous permettront d’acquérir des expériences pratiques qui seront très précieuses pour la Solution Final à venir de la question juive. Au cours de la Solution Finale de la question juive en Europe, seront à prendre en considération environ 11 millions de Juifs. […]
Au cours de la Solution Finale, les Juifs de l’Est devront être mobilisés pour le travail avec l’encadrement voulu. En grande colonne de travailleurs, séparés par sexe, les Juifs aptes au travail seront amenés à construire des routes dans ces territoires, ce qui sans doute permettra une diminution naturelle substantielle de leur nombre. […]
Au cours de l’exécution pratique de la Solution Finale, l’Europe sera passée au peigne fin d’Ouest en Est. […] Les Juifs évacués passeront d’abord, convoi par convoi, par des ghettos de transit, et de là, seront transportés plus loin à l’Est. »
Extrait du Protocole secret de la Conférence de Wannsee,
le 20 janvier 1942.
Exemplaire n°16 envoyé par Heydrich au sous-secrétaire d’État aux Affaires étrangères Luther.
La Solution Finale se caractérise par des mesures radicales visant à éteindre les Juifs, les Tsiganes, les handicapés mentaux et physiques, les homosexuels, … dans toute l’Allemagne nazie. Pour cela, après le regroupement des Untermenschen dans des ghettos, et à l’aide d’un important réseau ferré à travers toute l’Europe, les Nazis envoient les populations détenues vers les camps de la mort.
L’exemple du ghetto de Varsovie, l’un des plus peuplés et organisés telle une petite ville, est le plus flagrant. En effet, il est muni d’un chemin de fer spécial acheminant directement les Juifs vers le camp d’extermination de Treblinka situé à 80 kilomètres. Les Juifs sont réunis à l’Umschlagplatz, autrement dit la gare du ghetto de Varsovie, pour subir un premier tri et définir lesquels continueront à travailler au ghetto et lesquels iront vers l’Est pour repeupler les régions, prétexte utilisé par les dirigeants nazis afin de ne pas affoler les populations. Ils sont appâtés par un morceau de pain en raison du manque de nourriture sur place, et arrivés à l’Umschlagplatz, lieu de terreur et de désarroi, découvrent leur triste destinée.
Par la suite, ils sont contraints d’être une première fois séparés et d’attendre pendant des heures parfois avant que les trains à bestiaux viennent les chercher. « À partir [du 23 juillet 1942], tous les jours et pendant des semaines, on rafla des milliers de Juifs dans le ghetto. Le quota quotidien s’élevait à 6 000-7 000. Des blocs d’immeubles et des rues entières furent vidés de leurs habitants d’un coup, et beaucoup de personnes se trouvèrent prises par hasard dans les rafles [4] », les convois vers la mort sont incessant.
De plus, les rafles se multiplient comme celle du Vélodrome d’Hiver du 16-17 juillet 1942 où les forces de l’ordre du régime de Vichy sont mobilisées massivement dans tout Paris et sa banlieue (environ 9 000 intervenants) et arrêtent, dans leurs habitations 13 152 Juifs (4 115 enfants) selon les estimations. De cette rafle, il n’y aura que très peu de survivants.
Les conditions de transport en direction des divers camps de concentration et d’extermination sont extrêmes et misérables. La plupart du temps, les femmes, enfants et hommes se trouvent entassés et dépourvus de nourriture et d’eau dans le froid ou la chaleur. L’attente est interminable et dès l’arrivée sur les camps, à l’ouverture des portes, des corps sans vie tombent.
L’ « accueil » dans les camps par les SS est rythmé par une seconde sélection, laquelle prémédite l’extermination dans les chambres à gaz.
D’une part, les hommes, en particulier, aptes au travail, sont mis d’un côté et d’autre part, les femmes, les enfants, les personnes âgées ou ceux qui semblent plus défaillants sont envoyés vers les chambres à gaz : « Cinq par cinq ils prennent la rue de l’arrivée. C’est la rue du départ mais ils ne le savent pas. C’est la rue que l’on ne prend qu’une fois. Ils marchent bien en ordre – qu’on ne puisse rien leur reprocher. Ils arrivent à une bâtisse et ils soupirent. Enfin ils sont arrivés. Et quand on crie aux femmes de se déshabiller, elles déshabillent les enfants d’abord en prenant garde de ne pas les réveiller tout à fait. Après des jours et des nuits de voyages, ils sont nerveux et grognons et elles commencent à se déshabiller devant les enfants, tant pis, et quand on leur donne à chacune une serviette elles s’inquiètent : est-ce que la douche sera chaude parce que les enfants prendraient froid, et quand les hommes par une autre porte entrent dans la salle de douche nus aussi elles cachent les enfants contre elles. Et peut-être alors tous comprennent-ils [5] ».
Depuis les groupes d’exécution des Einsatzgruppen qui ont permis d’expérimenter différents moyens d’éliminer (fusillades, camions à gaz, …), le protocole de la Solution Finale expose le fait de tuer massivement et rapidement d’où la création de ces lieux de gazage au début précaire (gaz d’échappement) mais devenant vite un point essentiel avec le Zyklon B dès 1943.
En effet, en mars 1943, le camp d’Auschwitz-Birkenau-Monowitz, composé de trois immenses secteurs, est pourvu de quatre fours crématoires équipés de chambres à gaz ; et dans le même mois, le premier convoi de Juifs venu du ghetto de Lublin est envoyé au camp d’extermination de Belzec où les chambres à gaz sont prêtes à fonctionner. Les Juifs et Tsiganes sont dépouillés de leurs biens une seconde fois. Les commandants SS leur affirment, par l’exemple de Treblinka où une affiche précise :
AFFICHE À L’ENTRÉE DE TREBLINKA
« Juifs de Varsovie, attention ! Vous vous trouvez dans un camp de transit, d’où vous serez plus tard envoyés dans des camps de travail. Pour éviter les épidémies, tous les vêtements et bagages doivent être soumis à la désinfection. L’or, l’argent, les devises, les bijoux seront remis à la caisse contre reçu. On vous les rendra plus tard sur présentation du reçu. Tous les arrivants doivent avant de repartir prendre un bain pour se laver ».
« Dîtes-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, p.120.
De décembre 1941 à novembre 1944, les chambres gazent à peu près trois millions d’individus et le chiffre ne cesse d’augmenter par des opérations telles que « l’Opération Reinhardt » destinée à supprimer tous les Juifs de Pologne ainsi que de les déposséder de tous leurs biens (or, effets personnels, vêtements, …) ou encore des convois tels que celui de juin 1943 où 3 000 enfants ont péri accompagnés de leur mère à Sobibor. Par ailleurs, cette méthode d’extermination avec tous les moyens qu’elle met en place : trains, construction de camps, … intrigue beaucoup les pays voisins et la population. C’est pourquoi dès juillet 1943, le Führer Hitler prohibe les termes de « Solution Finale du problème juif ».
Cette extermination finale, ignorée la plupart du temps, procède également par « la mort par le travail ». Les hommes sont dans l’obligation d’effectuer des travaux physiques pénibles et très souvent inutiles dans le but de les fatiguer moralement et physiquement. Les SS qui les surveillent en profitent généralement pour les sommer d’ordres et de coups et de les priver de conditions d’hygiène dignes et de nourriture. Les Juifs encore aptes à travailler sont victimes de violences sans précédent et sans égale. D’après de nombreux écrits et témoignages (en l’occurrence Primo Lévi, Si C’est un Homme), les prisonniers étant privés de toute liberté, finissent par atteindre le processus de déshumanisation [6] et pour certains, deviennent ainsi des gardiens ou kapos. Ces derniers sont sous les ordres des SS mais ils possèdent une chambre à part et des privilèges ; ils dirigent leurs camarades et peuvent leur faire subir des sévices.
Les détenus sont classés en plusieurs catégories : les politiques allemands, français et juifs, les asociaux, les Tsiganes, les Bibelforscher (Témoins de Jéhovah), les apatrides, les droits commun et les Juifs évidemment. Les Sonderkommandos (brigades spéciales) ont comme tâche de nettoyer les chambres à gaz en enlevant les corps et en les dépouillant une dernière fois de leurs dents en or, de leur cheveux pour les femmes puis ils les transportent jusqu’au lieu de crémation, soit des fours ou bien des fosses profondes. Un des Sonderkommandos rapporte : « Bien sûr, j’aurais pu me tuer ou me faire tuer, mais je voulais survivre pour me venger et pour porter témoignage. Il ne faut pas croire que nous sommes des monstres : nous sommes comme vous, simplement bien plus malheureux [7] ». Le processus d’extermination comprenant le moment du gazage avec le temps de la crémation devait être rapide et ne durait qu’une à deux heures.
Auschwitz-Birkenau, appelé couramment ainsi, est l’un des camps de concentration et d’extermination des plus meurtriers : on estime à environ 1 100 000 victimes dont au moins 1 million de Juifs, 75 000 Polonais, 21 000 Tsiganes, 15 000 prisonniers soviétiques et enfin 15 000 personnes de divers horizons.
À l’origine, il s’agissait d’un simple camp de concentration destiné aux hommes politiques venus de Pologne, et près d’un réseau ferroviaire conséquent, cela lui a permis plus tard une déportation et une mort de masse par l’avancée technologique qui a donné naissance à un gazage et des fours performants pouvant exterminer jusqu’à 12 000 Juifs par jour. Toutefois, malgré des installations toujours plus pointues et à des rendements accrues, les fours ne suffisent pas et il a fallu creuser de nouvelles fosses plus grandes et plus profondes afin d’entasser les cadavres.
D’ailleurs, ce camp d’extermination est malheureusement indélébile des mémoires, souvent connu pour les expériences médicales conduites comme celles du médecin SS Kurt Heissmeyer dont les recherches ont abouti au fait que selon lui, « il n’y avait aucune différence entre les Juifs et les animaux [8] » par exemple et celles du docteur Joseph Mengele qui s’est adonné à des dissections et recherches approfondies sur le cas des jumeaux. Elisabeth et Perla Moshkowitz, survivantes de Auschwitz-Birkenau et des expériences du docteur Mengele [9] sur les jumeaux nains, ont ainsi rapporté un témoignage précieux sur ce qu’elles ont pu vivre.
À l’annonce des troupes ennemies qui avancent près du camp et sur l’ordre du régime nazi, les SS détruisent toutes les preuves matérielles de leur génocide et décident de raser approximativement Auschwitz-Birkenau en démantelant et en faisant sauter les fours et les bâtiments. Auparavant, le 17 et 18 janvier 1945, les troupes SS ont évacué les derniers détenus en direction de l’Allemagne par ce que l’on nomme maintenant les « Marches de la mort » qui exterminent quelques centaines d’autres personnes sur le chemin en raison des coups de bâton, de la fatigue, de la peur et de la malnutrition.
À gauche, une chambre à gaz de Birkenau (la partie camp d’extermination), au centre, convois de femmes et d’enfants à l’arrivée d’Auschwitz-Birkenau qui vont être dirigés vers les chambres à gaz et à droite, entrée d'Auschwitz-Birkenau.
Les deux premières photographies ont été prises par des SS.
Les deux premières photographies ont été prises par des SS.
La Solution Finale appelée Shoah, c’est-à-dire le terme hébraïque signifiant « destruction » utilisé pour désigner le génocide du peuple juif, a décimé au total près de 6 millions de Juifs et 1/3 de la population tsigane soit environ 250 000 Tsiganes.
D’après le livre « Dites le à vos enfants », Histoire de la Shoah en Europe, de 1933 à 1945, nous pouvons dresser un tableau approximatif des pertes humaines selon les différents camps de concentration et d’extermination (p.121) :
CAMPS et leurs dates VICTIMES en milliers
Chelmno (1941 – juillet 1944) 152 000 – 320 000
Belzec (mars 1942 – décembre 1942) 600 000
Sobibor (avril 1942 – octobre 1943) 250 000
Treblinka (juillet 1942 – août 1943) 700 000 – 900 000
Maïdanek (octobre 1941 – juillet 1944) Plus de 235 000
Auschwitz-Birkenau (janvier 1942 – janvier 1945) Plus de 1 100 000
B. Des populations traumatisées et endeuillées par la découverte des horreurs infligées.
1. Les armées américaines et soviétiques découvrent les camps de concentration et d’extermination :
Durant le processus de la Solution Finale, les populations locales de l’Est ont elles aussi été réquisitionnées pour participer au massacre, parfois contre leur volonté. Lorsque les Einsatzgruppen ont opéré en Ukraine ou dans d’autres pays bordant l’URSS, celles-ci étaient mobilisées pour creuser des fosses et les reboucher.
Les quelques années de guerre contre l’Allemagne ont contribué à la suspicion de massacres perpétrés mais ce n’est qu’à la découverte des camps par les Américains et les Anglais sur le front Ouest et par les Soviétiques sur le front Est que le monde entier prend conscience de l’ampleur du désastre et de la barbarie nazie. En juillet 1944, les Soviétiques ouvrent le camp de Majdanek en Pologne, non loin de Lublin. Les Allemands ont pris soin, pour la plupart des camps, de laisser le moins de traces possibles des infrastructures exterminatrices.
Toutefois, les soldats sont éprouvés par l’amoncellement des cadavres et des conditions de vie insalubres, des survivants squelettiques et épuisés par le travail voués à une mort certaine et de ceux qui ont subi des expériences médicales.
D’ailleurs, ils contraignent souvent les populations à rapporter et enterrer les corps malgré les risques de propagation d’épidémies telles que le typhus, la dysenterie, les poux, … et les obligent à visiter Buchenwald et d’autres camps pour les confronter à la réalité qui s’est passée à quelques pas de chez-eux et qui a été passée sous silence.
Le 27 janvier 1945, l’Armée Rouge pénètre dans le camp d’Auschwitz-Birkenau : l’horreur y est total. En effet, les troupes découvrent plus de 7 000 kilogrammes de cheveux humains, 800 000 vêtements de femmes et pratiquement autant de vêtements d’hommes, avec des charniers humains impressionnants et inimaginables. Auschwitz-Birkenau est l’une des preuves matérielles des plus irréfutables de la machination et de la traque nazie. Face à ce misérable constat, des soldats britanniques témoignent : « the combination of the sickly-sweet stench of rotting human flesh, and the nauseous reek of human excrement was so overwhelming that it could be detected up to three miles beyond the cam walls [10] » (« la combinaison de l’odeur douceâtre de la chair humaine pourrie, et de l’odeur nauséabonde des excréments humains était si écrasante qu’elle a pu être détectée jusqu’à trois miles au-delà des murs du camps »). Les déportés ayant survécu ont disposé de soins mais ces derniers étaient inappropriés puisque les médecins leur donnaient beaucoup trop de nourriture par rapport à la taille de leurs estomacs et un grand nombre d’entre eux décédèrent par la suite.
La libération d’Auschwitz vue par un officier soviétique
« On m’a amené sur le territoire du camp. Il tombait une légère neige, qui fondait immédiatement. Je me souviens que je portais un demi-manteau ouvert. Il commençait à faire sombre, mais nos soldats ont trouvé un appareil et on a fait de la lumière. Des détenus émaciés, en vêtements rayés, s’approchaient de nous et nous parlaient dans différentes langues. Même si j’avais vu bien des fois des hommes mourir au front, j’ai été frappé par ces prisonniers transformés par la cruauté jamais vue des Nazis en véritables squelettes vivants.
J’avais bien lu des tracts sur le traitement des Juifs par les Nazis, mais on n’y disait rien de l’extermination des enfants, des femmes et des vieillards. Ce n’est qu’à Auschwitz que j’ai appris le destin des Juifs d’Europe. C’était le 29 janvier 1945.
J’ai été accueilli par le chef d’État-major du régiment, le colonel Degtiariov. Il m’a annoncé que la veille, on avait enterré soixante-dix-huit de nos morts, soldats et officiers. […]
Les déportés se déplaçaient sur le territoire du camp en combinaison à rayures. Deux d’entre eux se sont arrêtés, se sont mis à sourire et à battre des mains en regardant mon étoile de héros de l’Union soviétique. ‘Alors vous êtes heureux d’être enfin libres ? Où allez-vous ? Qui êtes-vous’ leur demandai-je. Ils venaient de Belgique. J’ai noté leurs noms. Je me souviens également de deux femmes. Elles se sont approchées de moi, m’ont embrassé. Ces gens pouvaient encore sourire, mais il y en avait qui ne pouvaient plus que tenir debout en silence : des squelettes vivants, pas des hommes.
À Auschwitz, on m’a raconté la baraque des femmes, séparée des autres. Sur le sol, il y avait du sang, des excréments, des cadavres : un terrible tableau. Il était impossible d’y rester plus de cinq minutes, à cause de l’horrible odeur des corps en décomposition. Debout, près des portes, j’ai dit : ‘Oui, il est impossible de rester longtemps ici’. »
Avant et après Auschwitz, Général Petrenko, p.144-146, Flammarion, 2002.
2. Le procès de Nuremberg abouti sur la fondation d’un nouvel ordre, l’ONU :
Après la découverte de la barbarie nazie par le monde entier et grâce aux témoignages de différents rescapés, les forces Alliées (Amérique, France, URSS et Royaume-Uni) ouvrent les procès de Nuremberg, entre novembre 1945 et octobre 1946, ayant pour objectif de prononcer des sanctions contre les hauts dirigeants et instigateurs de l’épuration nazie. L’accord de Londres fixe la charte du tribunal militaire de Nuremberg trois mois avant le début des procès. Le lieu est choisi pour son symbole fort : Nuremberg a été une ville clé du régime et des lois nazis (lois raciales et antisémites de Nuremberg).
Les criminels sont jugés pour crimes de guerre [11], crimes contre la paix [12] et notamment pour un nouveau principe, celui de crimes contre l’humanité, défini par le tribunal de Nuremberg selon les termes suivants : « le génocide, la déportation, la réduction en esclavage ou la pratique massive et systématique d’exécutions sommaires, d’enlèvements, de la torture ou d’actes inhumains inspirés par des motifs politiques, philosophiques, raciaux ou religieux [13] ». Le juge à la Cour Suprême des Etats-Unis et procureur général américain, Robert H. Jackson rapporte d’ailleurs que « ces crimes sont sans précédent en raison du nombre horrifiant de victimes. Ils sont d’autant plus horrifiants et sans précédent qu’un très grand nombre d’individus s’unirent pour les perpétrer […] ils furent à l’origine de l’émulation dans la cruauté et de la compétition dans le crime [14] ».
Photographie du procès de Nuremberg.
Nous pouvons remarquer de gauche à droite, au premier rang : Hermann Göring, Rudolf Hess, Joachim Von Ribbentrop, Wilhelm Keitel, Ernst Kaltenbrunner, Alfred Rosenberg, Hans Frank, Wilhelm Frick, Julius Strei-cher, Walther Funk et Hjalmar Schacht.
Puis, au second rang, de gauche à droite, Karl Dönitz, Erich Raeder, Baldur Von Schirach, Fritz Sauckel, Alfred Jold, Franz Von Papen, Arthur Seyss-Inquart, Albert Speer, Konstantin Van Neuraht et Hans Fritzche
Suppression du reportage "Nuremberg, les Nazis face à leurs crimes" qui est désormais indisponible sur Youtube et Internet.
Je vous propose ci-dessous un document de la Compagnie Phares et Balises concernant le reportage "Nuremberg, les Nazis face à leurs crimes". Vous y trouverez des informations complémentaires sur le réalisateur, les intervenants, les circonstances du procès, …
Si vous ne parvenez pas à visionner le document en entier ci-dessous, vous pouvez vous rendre à l'adresse suivante : http://www.delphisfilms.com/fichiers_systeme/production-249-fichierpresseen.doc.
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Les procès de Nuremberg, quels exemples à tirer ?
« Il y a quelques semaines se terminait le procès au cours duquel Von Weizsaecker, Lammers et d’autres hauts fonctionnaires de gouvernement allemand ont comparu pour répondre d’une série de crimes contre le Droit international. L’heure est donc propice pour faire le point et prévoir l’application à l’avenir des principes de l’œuvre de Nuremberg.
On a salué cette œuvre en la considérant comme un jalon dans l’évolution du Droit et de la moralité internationale, et on l’a condamné, d’autre part, comme un acte de vengeance résultant d’une perversion de la justice. On a attaqué le bien-fondé de l’action en justice, on a dit qu’elle était l’application indigne de la loi du vainqueur – un ‘jugement des vaincus par les vainqueurs’ – et on a mis en doute quelques-uns des principes adoptés à Nuremberg, notamment la notion du crime contre la paix (guerre d’agression), comme étant sans valeur juridique, d’après le principe nullum crimen nulla poenia sine lege. »
Extrait de Les procès de Nuremberg : synthèse et vue d’avenir.
Afin que de tels massacres ne se reproduisent plus et dans le cadre d’une paix durable, les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale mettent en place l’Organisation des Nations Unies, reprenant certains éléments de la Société Des Nations.
Toutefois, la SDN, possédant des points défaillants et ayant contribué à la montée en masse du nazisme contre son gré et ne pouvant intervenir lors du conflit mondial, est dissoute en 1946 pour laisser place à l’ONU. Le 26 juin 1946, à San Francisco, une cinquantaine d’États signent la Charte des Nations Unies qui détermine les diverses missions de ce nouvel ordre : sécurité collective, autrement dit l’entente entre les États destinée à garantir la paix, le maintien de la paix, la réaffirmation des droits de l’Homme avec par exemple, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948, le progrès social développé par la coopération internationale et la création d’organismes humanitaires et commerciaux spécialisés comme UNESCO [15], UNICEF [16], OMC [17], … De plus, l’ONU dispose d’une force armée non permanente, les casques bleus dont la principale qualité est de faire respecter la paix en minimisant l’utilisation d’armes.
3. Les rescapés de la Shoah et leurs témoignages :
Les procès de Nuremberg pourraient soulager d’une part les survivants de la Solution Finale par les condamnations et les exécutions prononcées mais, d’autre part, les plaies et le sentiment d’horreur et d’injustice subsistent toujours.
À leur retour des camps de concentration et d’extermination, des milliers d’hommes et de femmes doivent réapprendre à vivre et portent sur eux les stigmates des camps. Aucune structure adaptée n’est prévue pour leur retour en masse et ils se retrouvent confrontés aux questionnements de ceux restés en France et qui attendent un membre de leur famille. Les rescapés imaginaient une certaine reconnaissance mais c’est un État français en interrogation face à ce déboulement de corps pratiquement dépourvus d’apparence humaine parfois, et manifestant même du rejet qui les accueille. Les déportés rescapés ressentent alors le besoin pressent de raconter l’indicible et de faire part de leurs sentiments et sensations (l’exemple de Primo Levi).
Les témoignages de M.G Rivière et A.-M. Soucelier
M.G Rivière :
« Comme ce retour était différent de ce que nous avions rêvé ! Là-bas, au camp, lorsque parfois nous l’évoquions, nous disions : ‘Comme ce sera merveilleux ! Il y aura des drapeaux français partout ! Nous défilerons en rayé sous l’Arc de Triomphe …’ Mais il y avait maintenant presque deux mois que les déportés rentraient … On commençait à être blasé. Nous étions affamés de tendresse, de chaleur humaine, nous rêvions d’air pur, de liberté, d’une France plus belle, glorieuse, lavée de la honte – nous avions payé assez cher – on nous offrait un sandwich et un verre de vin, assaisonnés d’un peu de pitié … »
A.-M. Soucelier :
« Lyon – Perrache ! Cette gare d’où nous sommes partis, encadrés par les SS et les gestapistes, pour une aventure plus atroce et plus monstrueuse que tout ce que nous pouvions imaginer, il y a plus de vingt mois … Je descends … Sur le quai, personne. Les idées les plus sombres m’envahissent … Tout a coup, quelqu’un s’approche. ‘Qui êtes-vous ? Comment vous appelez-vous ? … Votre sœur est là qui vous attend …’ Oui, elle est là … Mais les autres ? Je la presse de questions : Maman ? Papa ? Elle me dit qu’ils sont à la maison, qu’ils m’attendent … Est-ce bien vrai ? … Le doute levé, c’est l’étonnement de se voir encore vivant, le temps des questions que posent les autres, parfois à mi-chemin entre l’interrogation et une forme de reproche instinctif : combien de fois nous sommes-nous entendu dire par les parents de nos camarades : ‘Pourquoi êtes-vous rentrée plutôt que mon fils ? Ma fille ? Ils étaient plus robustes, ils aimaient la vie, ils avaient le même idéal que vous’ … Et maintenant, le plus dur peut-être reste à faire : réapprendre à vivre, nous réintégrer dans une société qui ne nous comprend pas, nous admet difficilement, à laquelle nous nous sentons devenus étrangers … »
Témoignages et documents sur la déportation dans le département du Rhône,
Commission d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, presse de lyonnaise, Lyon, 1968.
Le témoignage d’Henri Frenay
Pour procéder au rapatriement des déportés, la France a dû faire appel au concours des Alliés, des Américains en particulier. Avec une cadence de retour de 8 000 hommes par jour, rien n’était prévu en France pour accueillir à ce rythme autant de personnes. « Je réquisitionne, écrira Frenay, notamment la caserne de Reuilly, le Vélodrome d’Hiver, les écluses Saint-Martin, pour en faire immédiatement des centres d’hébergement ; le Gaumont-Palace et le cinéma Rex (3 000 et 2 000 places respectivement), avec les troupes de variétés qui s’y produisent, pour en faire des centres de transit où les rapatriés attendront leur passage au bloc ‘Formalités’. L’hôtel Lutétia, sur la rive gauche, est également réquisitionné et sera réservé aux déportés … ».
Extrait de La nuit finira, mémoires de Résistance, Robert Laffont.
4. Les conséquences sur la population avec l’intervention de la presse et de ses gros titres :
Les populations découvrent avec effroi le processus d’extermination nazi, ce qui produit chez eux un traumatisme par la vision de charniers humains et de procédés insoupçonnables. Elles sont horrifiées par ce qu’elles voient et n’imaginaient pas. Elles sont informées par des photographies, des films-documentaires et des articles de journaux de la vie sur les camps rythmée par la mort de masse, les expériences médicales, … La triste photographie d’un bulldozer poussant des cadavres dans une fosse est rendue publique et choque l’ensemble des populations.
Je vous conseille le reportage intitulé "La découverte des camps de la mort" sur Ina au lien suivant : http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu04594/la-decouverte-des-camps-de-la-mort.html. D'époque, il montre la vision que le monde pose sur des évènements qui ont été occultés et vous pourrez également connaître l'histoire de ce reportage réalisé par les Alliés et utilisé comme preuve dans l'objectif d'un futur procès.
Les premiers retours de rescapés des camps sont la plupart du temps altérés. En effet, des présélections sont réalisées dans le but de ne pas confronter les populations directement à des survivants trop marqués par le travail et la famine. Néanmoins, à l’époque, les populations ont pu constater que ces derniers étaient tous emportés par une vieillesse prématurée. En France, le Ministère de l’Information déclare dans les Articles et documents que « l’opinion unanime qu’une politique de constante famine et de cruautés inhumaines a été pratiquée là pendant une longue période, et que de pareils camps marquent le point de dégradation le plus bas auquel l’humanité soit jamais descendue … [18] ».
Par ailleurs, la presse amplifie le drame par ses gros titres et le contenu de ses articles. Du fait que des journalistes et des reporters soient envoyés sur les lieux des différents crimes, ils avertissent les populations et amènent de nouvelles preuves irréfutables contre les génocides. Le reportage « Les camps de la mort » relate en vingt minutes les horreurs des camps en exposant notamment des corps sans vie d’apparence squelettique et mutilés par les expériences médicales. De plus, il est construit avec différents plans de différents camps afin d’appuyer la barbarie et la monstruosité nazies. Le reportage ne sera que très peu diffusé en entier à la population française ; les médias privilégieront davantage de courtes séquences assez traumatisantes.
Cependant, la mort massive du peuple juif dans ces camps de concentration et d’extermination est très peu évoquée ; dans un premier temps, le génocide juif est occulté. Dans Le Monde, le 21 avril 1945, les lecteurs pouvaient lire un rescapé qui rapportait qu’ « Un camp de concentration est un endroit où l’on entre par la porte et d’où l’on sort par la cheminée [19] » et Bernard Lecache atteste que « Un Hitler dans un siècle suffit. Pas deux [20] » ; les populations sont alors au courant des génocides perpétrés par les Nazis. L’incompréhension et l’indignation laisseront bientôt place à un long silence sur le sujet, considéré comme tabou.
François Mauriac, écrivain engagé français du XXème siècle, écrit dans les lignes du Figaro à propos des génocides commis par les Nazis et de leurs répercutions sur les populations et la jeunesse principalement.
Les blessures de la guerre
« L’Europe résistera-t-elle à une épreuve inhumaine et qui excède infiniment notre capacité de souffrance ? Il m’a été donné d’observer des hommes qui avaient subi une commotion violente et qui se reprenaient à marcher, à parler. Aucune blessure n’était visible. On les croyait sauvés. Et puis, tout à coup, ils étaient pris d’un grand désir de sommeil, ils se laissaient aller, fermaient les yeux, glissaient à l’éternité. Il n’en sera pas ainsi de la France, poursuit Mauriac. Mais nous devons observer et nous taire et ménager ce corps couvert de blessures, cet esprit malade, ce cœur surmené de la vieille nation comme seront les corps, les esprits, les cœurs des hommes qui vont revenir d’Allemagne et que peut-être nous ne reconnaitrons que grâce à de lentes et prudentes approches. Nous ignorons encore les désordres cachés que des épreuves contre nature, imposées par le nazisme ont suscités dans les peuples comme dans les individus […] Il nous faut nous pencher sur elle comme sur un pauvre corps, terriblement ‘choqué’. Il faut songer à l’usure de ce cœur, dont nous épions les battements … ».
François Mauriac, Le Figaro, mars 1945.
L’impact des médias sur la jeunesse
« Au cinéma, j’ai devant moi […] la nuque d’un garçon de dix ans. J’essaie d’imaginer ce qu’exprime son visage tendu vers l’écran où passe un train bourré de cadavres, de morts squelettiques, femelles ou mâles, aux jambes écartées […] Cette génération aura grandi dans un monde qui charge les cadavres à la pelle et qui, bien loin de songer à se voiler la face, multiplie sur les écrans et dans les magazines le témoignage de ce qui déshonore à jamais devant l’Histoire […] Je crois qu’il nous appartient de tirer profit et pour le petit garçon du cinéma et pour nous-même, de la vision que nous impose de tous ces corps profanés. Ils ne feront plus de propagande. Commençons par cela : efforçons-nous désormais de penser, parler, de regarder sans souci de propagande. La propagande, voilà l’ennemi. Devant ces images dont elles cherchent à créer en nous l’obsession, pénétrons-nous de cette vérité que l’espèce humaine vient de subir le plus grand de ces désastres, que les villes anéanties ne sont que l’apparence d’une immense ruine invisible et que c’est l’homme, l’homme chrétien en partant de l’enfant, qu’il faut reconstruire, car c’est lui, finalement, qui a été détruit. »
François Mauriac, Le Figaro, 1er juin 1945.
[1] Joseph Goebbels, 1897-1945, proche d’Hitler, il dirige le Ministère de l’Éducation du peuple et de la Propagande au sein du Reich et est un des plus puissants du régime nazi.
[2] Reinhard Heydrich, 1904-1942, directeur de la Gestapo du 22 avril 1934 au 27 septembre 1939, directeur du RSHA, Président d’Interpol et protecteur adjoint de Bohème-Moravie. Adjoint direct de Heinrich Himmler et un des principaux acteurs de la terreur nazie (Einsatzgruppen et Solution Finale).
[3] Heinrich Himmler, 1900-1945, Reichführer-SS, dirigeant de la police allemande, de la Gestapo, Président du RSHA et Ministre du Reich à l’intérieur de l’Allemagne. Il a orchestré la Solution Finale.
[4] Citation extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 82.
[5] Citation de Charlotte Delbo extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 135.
[6] Déshumanisation : privations des caractères humains visant à réduire l’Homme à un état d’objet.
[7] Citation extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 140.
[8] Citation extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 11.
[9] Joseph Mengele, 1911-1979, surnommé « l’ange de la mort », médecin sur le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Après la chute du régime, il s’enfuit en Amérique latine où il emprunte divers noms pour échapper à d’éventuelles poursuites pour crimes de guerre.
[10] Citation extraite de « Libération des camps de concentration ». BBC Histoire.
[11] Crime de guerre : violation des lois et coutumes de guerre avec notamment des mal-traitements de la population civiles par des massacres, des travaux forcés, des pillages, …
[12] Crime contre la paix : défini par les Accords de Londres, « la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d’une guerre d’agression, ou d’une guerre en violation des traités, assurances ou accords internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l’accomplissement de l’un quelconque des actes qui précèdent ».
[13] Définition extraite de 1ère Histoire, Question pour mieux comprendre le XXe siècle.
[14] Citation extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 175.
[15] UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
[16] UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
[17] OMC : Organisation mondiale du commerce.
[18] Citation extraite de Historama Historia Spécial Les camps de la mort, n°34, mars/avril 1995, page 90.
[19] Citation extraire de Historama Historia Spécial Les camps de la mort, n°34, mars/avril 1995, page 89.
[20] Citation extraite de Historama Historia Spécial Les camps de la mort, n°34, mars/avril 1995, page 90.
[2] Reinhard Heydrich, 1904-1942, directeur de la Gestapo du 22 avril 1934 au 27 septembre 1939, directeur du RSHA, Président d’Interpol et protecteur adjoint de Bohème-Moravie. Adjoint direct de Heinrich Himmler et un des principaux acteurs de la terreur nazie (Einsatzgruppen et Solution Finale).
[3] Heinrich Himmler, 1900-1945, Reichführer-SS, dirigeant de la police allemande, de la Gestapo, Président du RSHA et Ministre du Reich à l’intérieur de l’Allemagne. Il a orchestré la Solution Finale.
[4] Citation extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 82.
[5] Citation de Charlotte Delbo extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 135.
[6] Déshumanisation : privations des caractères humains visant à réduire l’Homme à un état d’objet.
[7] Citation extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 140.
[8] Citation extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 11.
[9] Joseph Mengele, 1911-1979, surnommé « l’ange de la mort », médecin sur le camp de concentration et d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Après la chute du régime, il s’enfuit en Amérique latine où il emprunte divers noms pour échapper à d’éventuelles poursuites pour crimes de guerre.
[10] Citation extraite de « Libération des camps de concentration ». BBC Histoire.
[11] Crime de guerre : violation des lois et coutumes de guerre avec notamment des mal-traitements de la population civiles par des massacres, des travaux forcés, des pillages, …
[12] Crime contre la paix : défini par les Accords de Londres, « la direction, la préparation, le déclenchement ou la poursuite d’une guerre d’agression, ou d’une guerre en violation des traités, assurances ou accords internationaux, ou la participation à un plan concerté ou à un complot pour l’accomplissement de l’un quelconque des actes qui précèdent ».
[13] Définition extraite de 1ère Histoire, Question pour mieux comprendre le XXe siècle.
[14] Citation extraite du livre « Dites-le à vos enfants » Histoire de la Shoah en Europe, 1933-1945, page 175.
[15] UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
[16] UNICEF : Fonds des Nations Unies pour l’enfance.
[17] OMC : Organisation mondiale du commerce.
[18] Citation extraite de Historama Historia Spécial Les camps de la mort, n°34, mars/avril 1995, page 90.
[19] Citation extraire de Historama Historia Spécial Les camps de la mort, n°34, mars/avril 1995, page 89.
[20] Citation extraite de Historama Historia Spécial Les camps de la mort, n°34, mars/avril 1995, page 90.